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Publications
La Philosophie et la Cité
Arab Philosophical Union
28.05.2013

Présentation

Durant trois siècles en Europe occidentale, précisément depuis l’époque de la Renaissance jusqu’à celle des Lumières, la philosophie a mené le combat de la société humaine, et, a triomphé. A cet effet, elle a prouvé ses compétences pratiques et  son efficacité à faire face aux problèmes sociaux de l’homme issus de la vie dans la cité. Du coup, ce triomphe a conduit à une nouvelle réalité culturelle susceptible de modifier les règles du jeu philosophique dans les domaines de la pensée humaine. Ainsi, après une longue installation confortable  sur le  trône de la métaphysique et des soucis de l’au-delà, pendant laquelle elle errait dans son arsenal conceptuel dans l’espace de l’absolu où gravitent des vérités immuables détenant le monopole du savoir et de la certitude, et étant incapable, de par la nature de sa réalité, d’admettre un autre système que le sien sans qu’il soit jugé faux dans sa logique, impie dans sa  religion et ennemi dans la politique, elle devient moins arrogante et plus courageuse.

Elle a enfin daigné descendre du haut des transcendances, s’est rétractée du domaine de la métaphysique, et s’est pris le relatif son unique absolu. La vérité, par conséquent, se fragmente, et la certitude devient capable d’assumer la pluralité du possible et la diversité des choix. Si bien que d’autres systèmes ont réussi à dénicher une place légitime et un droit reconnu dans son domaine.

Elle entame avec hardiesse le changement de ses diverses directions de telle sorte à pouvoir accompagner l’homme incarné et jeté dans une famille, dans un environnement, dans une société et dans une cité. Il s’ensuit l’obligation de rénover son attirail, à savoir ses conceptions, ses méthodes et son lexique, et à l’échanger contre un outillage conforme à ses préoccupations, ses fonctions et ses objectifs naissants. De surcroit, elle a entrepris, d’une façon autonome, à occuper l’espace publique rendant les maintes tentatives de l’aliéner à la religion ou de s’en servir comme un instrument de justification idéologique une sorte d’archéologie du patrimoine historique.

Cette posture moderne adoptée par la philosophie a imposé à la culture arabe un défi auquel l’esprit philosophique arabe  a répondu de diverses manières alternant le repli dans l’autosuffisance, le ménagement de l’emprise de l’invisible, l’identification sans autonomie et l’imitation audacieuse de l’invention. Au demeurant, ces multiples réponses philosophiques se sont impliquées, certes, munies de leur arsenal d’armes et de stratégies diverses et contradictoires, dans cette bataille, aux confins de deux attentes : la défaite prévue pour certaines ou la participation à la victoire sûre pour d’autres.

Dans ce cadre de notre vision de la position de la philosophie, « l’Union Philosophique Arabe » a posé le thème de « la philosophie et la Cité » pour qu’il soit le titre essentiel du sixième colloque qui a eu lieu à Tripoli(Liban) les 25 et 26 avril 2012.  Notre souci majeur, dans le choix des sujets à traiter, était « la Cité » en raison de deux dates philosophiques qui nous ont interpelés : une date occidentale ou Aristote a mis en place, suivant une approche anthropologique, le point de départ de toute recherche philosophique qui traite de l’homme concret en affirmant que « l’homme est un être sociable par nature », et une autre date arabe ou Ibn Khaldoun, complétant l’époque grecque,  y ajoute que « l’homme est naturellement sociable, d’où l’impératif d’être en société qui est la Cité ».  Autant dire que la Cité, entre ces deux dates et les étapes historiques de la civilisation internationale qui se sont succédé jusqu’à nos jours, a obtenu des parts considérables de la production de la réflexion philosophique selon des optiques distinctes : un regard qui considère  la société humaine organisée par l’entremise du ciel et des conditions du salut éternel en vertu de la volonté divine. Une autre perception qui voit l’origine de cette organisation à travers la terre et les conditions du contrat social établi  grâce à la raison et à sa capacité à définir les mécanismes de la paix dans la société, et les systèmes de Droit et de Devoir au sein du même État et entre les États.

Parmi les objectifs visés par « l’Union Philosophique Arabe », se dresse d’une part, celui de l’implication profonde dans les grands problèmes de l’homme, interrogeant les philosophes et les penseurs arabes sur l’aboutissement de leur mission, qui, pour ardue et difficile qu’elle soit,  cette mission est indispensable. Sinon la philosophie serait dépouillée de son importance et de son rôle dans la culture des êtres humains. D’autre part celui de faire participer toutes les institutions culturelles et académiques à cette entreprise. Car la situation humaine, avec ses conditions et ses finalités sont étroitement dépendantes, sur le plan de l’espérance et du destin, du « chantier »  des intellectuels et des « ouvriers de la raison » en ce sens que leur souci constant de soi-même en vue d’exaucer la promesse de salut est une condition sine qua non. En d’autres termes, que cette promesse provienne du ciel ou émane de la terre, ne se réalise que dans la condition ou l’homme lui-même en soit la référence et l’artisan.

C’est dans ce contexte que s’inscrit la participation au colloque de l’Université libanaise à travers le Département de philosophie, et également celle du Centre International des Sciences de l’Homme-Jbeil (Liban). De surcroît, le Centre était en accord avec les actes de la table ronde organisée par l’UNESCO à Paris le 21 juin 2011 sous le titre de « Démocratie et renouveau dans le monde arabe », à l’issue de laquelle l’UNESCO a invité les universités et tous les organismes culturels et scientifiques du monde arabe à entreprendre des recherches et à tenir des colloques sur ce sujet dans le but d’élaborer les idées et les thèses qui contribueront à la propagation de la culture démocratique et à son enracinement dans les sociétés arabes afin de favoriser leurs chances de paix et de bonne gouvernance.

Il serait fort souhaitable que la collaboration et la coordination entre les forces culturelles, libanaises et arabes confondues, durent et s’approfondissent en vue de fortifier la pensée philosophique et affermir l’ancrage du sens critique et inventif dans la culture arabe.

 

Adonis Akra

Président de l’Union Philosophique Arabe

Directeur du Centre International des Sciences de l’Homme -Byblos (Liban)             

 

La Philosophie et la Cité

 

Sommaire

Présentation

Allocution préliminaire  du colloque: Dr. Moustapha Al Helweh

Allocution du Directeur du Département de la Philosophie à la Faculté des Lettres- Université libanaise: Dr.Ahmad Al Amin

Allocution du Directeur de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines- Université libanaise, Section III : Dr. Jean Jabbour

Allocution de la Doyenne de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines : Dr. Wafa Berri

Allocution du Président de l’Union Philosophique Arabe et Directeur du Centre International des Sciences de l’Homme- Jbeil (Liban) : Dr. Adonis Al Akra

Allocution Du Président de l’Union des municipalités de la Fayhaa : Dr. Nader al Ghazal

Allocution de la Fondation Safadi : Dr. Moustafa Al Helweh

Allocution du Recteur de l’Université libanaise : Dr. Adnan Assayed Hussein

Première séance : La philosophie et la cité : du concept

– Nos philosophes et la Cité/ la Cité grecque (Dr. Ali Omlil, Ambassadeur du Maroc au Liban

Deuxième séance : Du concept contemporain

– De la philosophie de la Cité a l’universalité de la philosophie ( Mouta Al Safadi, Syrie)

– Le retour du dialogue socratique au 21e siècle : Est-il devenu possible? (Dr. Majdi Abdel Hafez, Egypte)

– La philosophie, l’amitié et la crise de l’universel (Dr. Moussa Wehbeh, Liban)

Troisième séance : La philosophie et la Cité moderne et contemporaine

– L’espace publique : l’agora de la Cité moderne (Afif Oussman, Liban)

– La Cité arabo-islamique dans la perspective de la philosophie sociale (Dr. Zwawi Baghoura, Algérie)

– La philosophie entre la tour et le café (Dr. Ali Hamiyye, Liban)

Quatrième séance : La philosophie et la citoyenneté (1)

– L’avenir de la citoyenneté (Dr.Anwar Moughith, Egypte)

– Du fanatisme et de la citoyenneté (Dr. Ahida Taleb Amin)

– La philosophie soucieuse de la citoyenneté dans la pensée arabe contemporaine : Dr. Adonis Akra comme exemple (Dr. Hasan Majid al Oubaydi, Irak)

– L’Etat-Cité à l’époque socratique (Dr. Raymond Ghaouch, Liban)

Cinquième séance : La philosophie et la renaissance

– La Raison et la Cité chez Al Jabiri, Arkoun, Laroui et Nassar (Dr. Mohammad al Mosbahi, Maroc)

– La critique philosophique contemporaine et le mouvement arabe (Dr. Ahmad Al Amin, Liban)

– La difficulté de l’enracinement rationnelle de l’Etat séculier arabe (Dr. Abed El Karim Barghouthi, Palestine)

– La critique de la raison religieuse chez Mohammad Arkoun (Dr. Mohammad Khaled Achayyab, Jordanie)

Sixième séance : La philosophie et la citoyenneté (2)

– La citoyenneté et les transformations du philosophique (Dr. Fawzi al Alawi, Tunisie)

– Le sort de la citoyenneté au temps de la globalisation (Dr. Jawida Jari, Algérie)

Séance finale : Propositions et recommandations

– Déclaration finale du colloque

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